Future station Total de Vigneux : la Préfecture lance un comité départemental pour accroître les aires protégées en Loire-Atlantique… Un espoir pour les riverains ?

Le vendredi 21 janvier 2022

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Le reportage consacré par ViVi à l'opposition de Pascale Trédaniel et ses voisins au projet de station-service porté par la firme Total vous a beaucoup fait réagir. Il prend une nouvelle résonance suite à l'annonce par la Préfecture cette semaine du lancement d'un comité départemental pour accroître les aires protégées en Loire-Atlantique. Pourtant, la zone d'implantation de la future station Total semble toujours ignorée par la Préfecture…

 

C'est pourtant le Préfet qui a accordé le permis de construire le 22 octobre 2020, après que Total ait obtenu l'attribution de la concession (« c'est donc une décision de l'État », nous avait indiqué la Mairie). L'annonce du lancement de ce comité départemental destiné à accroître les aires protégées en Loire-Atlantique cette semaine, doit apparaître bien ironique aux opposants au projet de la future station…

On a en effet appris cette semaine, dans un article du Courrier du Pays de Retz, que le secrétaire général de la préfecture de Loire-Atlantique Pascal Othéguy a réuni, le lundi 17 janvier 2022, le premier comité départemental des aires protégées avec des représentants de la Région et du Département.

Étaient ainsi présents des associations de protection de l’environnement, des organismes consulaires, des gestionnaires d’espaces protégés, des experts, des collectivités, des établissements publics et les services de l’État.

Selon la Préfecture, citée par le média, « ce comité départemental s’inscrit dans la politique nationale de développement et de renforcement des aires protégées, impulsée par le Président de la République et repris dans la loi climat et résilience ».

Un projet ancien… et obsolète ?

Certes, l’emplacement réservé sur le PLUI pour le déplacement de la station Total date d'il y a 20 ans, en lien avec le projet des travaux d'agrandissement à 2x3 voies de la RN165 (axe Nantes/Vannes), mais il ne semblerait pourtant pas incongru, selon les opposants au projet, de prendre en compte le contexte écologique actuel, eux qui s’interrogent sur les conséquences d’un tel projet sur l’environnement direct : les arbres, la petite faune, et les cours d’eau, menacés selon Pascale Tredaniel par les rejets d’hydrocarbures : « ce sont des zones humides, et une partie a même été déclassée pour que la station puisse être déclarée d'utilité publique… Des arbres vont tomber, des animaux vont être sacrifiés », s’insurge-elle, avant d’ajouter : « ce projet va à l’encontre de ce qu’on nous demande aujourd’hui en matière d’écologie ».

Comme le rappelle l'article du Courrier du Pays de Retz, la Loire-Atlantique compte aujourd’hui 16,3 % de son territoire en aires protégées dont 1,14 % sous protection forte, l’ambition portée au niveau national, est d’atteindre les 30 % d’aires protégées dont 10 % en protection forte d’ici 2030.

La préfecture a précisé : « Des propositions d’actions concrètes seront remontées d’ici cet été afin de contribuer au premier plan d’action régional 2022-2024 visant à renforcer la protection de la biodiversité. Après un état des lieux des enjeux en matière de biodiversité dans le département, et un premier échange sur les axes de travail, il a été décidé d’ouvrir deux groupes de travail avec l’ensemble des acteurs mobilisés sur le renforcement des aires protégées existantes et l’identification des territoires à forts enjeux aujourd’hui non protégés. »

Un nouvel espoir ?

Un second comité départemental des aires protégées devrait être organisé d’ici l’été 2022. Peut-être est-il encore temps pour Pascale et les opposants au projet, de faire entendre leur voix ?

Lors de notre rencontre, elle semblait un brin résignée, car il y avait peu de chances que le projet n’aboutisse plus : « On essaie de garder espoir… On sait qu’il est maigre. On espère que dans les élus, à la DIRO [Direction interdépartementale des routes Ouest], quelqu’un sera un peu sensible à l’écologie. On ne comprend pas, à notre niveau, comment cette nouvelle station a pu être déclarée d’utilité publique… »

Mais depuis notre article, les choses bougent : la DIRO a fini par contacter Pascale pour proposer un rendez-vous. « Je ne sais pas si cela changera grand-chose », nous dit-elle, « mais c'est la première fois que nous avons une réponse. »

Politiquement, un futur candidat aux élections législatives sur la troisième circonscription de Loire-Atlantique a également pris contact avec Pascale Tredaniel suite à la diffusion du reportage de ViVi, se proposant de tenter de faire bouger les lignes. 

Alors peu à peu, Pascale semble reprendre espoir, même si le combat s'annonce long et inégal : « Nous avons besoin d'un conseil pour nous aider dans les démarches car nous avons affaire à un rouleau compresseur. Je suis sûre que la plupart des habitants qui utilisent la petite route qui passe sous la N 165 ne sont pas au courant qu'elle va être coupée. Il faudrait prendre un avocat, mais les procédures sont tellement lourdes… »

Des avocats qui travailleraient bénévolement sur ce projet ? Une Préfecture qui reviendrait sur son permis de construire à la lumière de la contradiction que souligne son lancement il y a quelques jours d'un comité départemental pour accroître les aires protégées en Loire-Atlantique ?

D'autres projets lancés il y a plusieurs décennies, pas si loin de nous, avec des enjeux financiers et politiques bien plus importants, ont fini par devenir caduques et être annulés…  Alors pourquoi pas ? Avec le lancement de ce comité, c'est peut-être bien une lueur d'espoir qui vient de renaître chez Pascale et les opposants au projet.